PARC DE LA BELLE GABRIELLE

Au Coudray-Montceaux, l’histoire locale s’entremêle à la légende. La star, c’est elle : Gabrielle d’Estrées, la célèbre favorite d’Henri IV. Belle et admirée, son nom est encore aujourd’hui attaché à un escalier monumental en fer à cheval, niché sur le versant nord de la vallée de la Seine.

Un monument historique au cœur d’une légende
Classé à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques dès 1945, l’Escalier de la Belle Gabrielle fait la fierté des habitants. Selon la tradition orale, Gabrielle se serait assise sur ces marches pour contempler la Seine et guetter le retour du roi, occupé à la chasse dans les forêts environnantes.
Les rues voisines entretiennent ce souvenir : allée du Vert Galant, avenue Gabrielle d’Estrées, autant de rappels aux amours d’Henri IV et de sa maîtresse. Pourtant, l’histoire et la chronologie interrogent. Gabrielle d’Estrées, née en 1573, meurt brutalement en 1599, enceinte du quatrième enfant qu’elle devait donner au roi. Or, les archives montrent que l’escalier fut bâti à la toute fin du XVIe siècle ou au début du XVIIe, dans le cadre d’un jardin d’agrément rattaché à un pavillon, qui était la dépendance du château, aujourd’hui encore existant.

Un témoin d’un art de vivre
Bien plus qu’un simple escalier, l’édifice faisait partie d’un ensemble raffiné : pavillon au bord de Seine, jardins d’agrément, jeux d’eau et grottes. L’escalier monumental à double révolution constituait l’ornement principal de ce décor pensé pour l’élite. Au XIXe siècle, le site évolue en maison de plaisance, puis en « château du Bas-Coudray », mais l’escalier en reste le cœur symbolique.

Entre réalité et légende
Si rien ne prouve que Gabrielle d’Estrées s’y soit un jour installée, le romantisme de l’appellation, sans doute née au XIXe siècle, a suffi à ancrer le mythe dans la mémoire collective. Comme souvent, l’histoire préfère l’évocation poétique aux certitudes archivistiques.

Un patrimoine fragile à préserver
L’étude menée par l’agence AEDIFICIO en 2014 soulignait l’état préoccupant du monument : infiltrations d’eau, fissurations, végétation parasite et vestiges fragilisés. Des travaux de consolidation et de restauration jugés indispensables pour éviter la disparition de ce témoin rare d’un art des jardins aristocratiques, ont eu lieu entre septembre 2024 avec un achèvement courant avril/mai 2025 : coupés d’arbre, réalisation d’une tranchée drainante, travaux de stabilisation et de consolidation de l’ouvrage…


Un héritage vivant
Qu’importe au fond que Gabrielle ait réellement foulé ces marches ? L’escalier incarne à la fois une mémoire amoureuse et une valeur patrimoniale unique. Entre histoire et légende, il continue de nourrir l’imaginaire des habitants et d’attirer les curieux. Et peut-être est-ce là sa plus belle fonction : rappeler que les pierres, autant que les récits, font battre le cœur d’un territoire.

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